Pour quoi le dialogue ?

 

C’est à partir de conversations que se construit le monde. Nous avons besoin de susciter de nouvelles conversations.

Mais comment faire quand on a appris davantage à critiquer et argumenter qu’à écouter la parole qui vient du cœur ?

Redonner de la place au dialogue partout dans notre vie !

Retrouver du plaisir à être en conversation !

Développer par la pratique l’écoute profonde !

Le Dialogue, c’est entendre et se faire entendre.

Ecouter, une compétence clé à réapprendre tous les jours. Pour comprendre. Pour soutenir. Pour aider. Pour se positionner.

S’écouter soi aussi. Avec le dialogue, on descend plus profondément en soi. Et lorsqu’on est au cœur de soi, les choix deviennent tellement plus faciles, les décisions plus claires.

Le dialogue nous permet d’être authentiquement nous-même. Pour que notre parole puisse être entendue. Pour que nous soyons en mesure de trouver ou de retrouver notre pouvoir d’agir sur le monde.

 

Quelques témoignages de participant.e.s aux bulles de dialogue

 

“Avec un déroulement très simple, cela nous permet de créer un lien entre des personnes qui ne se connaissent pas. Cela nous apporte la rencontre avec l’autre… nous offre un espace miroir… On ne se construit que dans le lien à l’autre !”

“Cela nous permet de rencontrer des personnes qui ont des points de vue différents, de diverses provenances. Ce n’est pas la parole d’un expert qui compte. C’est la voix de chacun, avec ses vécus, ses doutes, ses rêves, ses espoirs…”

“J’ai aimé la sincérité des paroles des participants. J’ai été touchée, même très émue de certaines paroles, jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. La puissance du dialogue était impressionnante.

“Cela me confirme que j’ai besoin de ces échanges libres et sans jugement, ouverts et sincères. Ils m’ont ouvert des pistes de réflexion sur comment cultiver un lien avec les autres tout en faisant face aux changements nécessaires de notre société.”

Ce qui a fait du bien :

“Sentir la présence humaine, la qualité de présence”

“Les échanges profonds avec des personnes inspirantes”

“Voir que d’autres avaient des émotions similaires à celles que j’ai ressenties”

“Être ensemble, c’est tout”

“Un sentiment d’universalité”

“La sincérité des participants de ma bulle”

“La découverte nouvelles personnes, partager ensemble, le respect, la générosité”

“Sentir que nous partagions des préoccupations communes”

“Prendre du temps pour des échanges authentiques”

“J’ai pu me livrer sans peur”

“Voir que d’autres personnes avaient aussi besoin de prendre le temps pour se poser”

“Découvrir la méthode et parler avec des personnes du monde entier”

“Ces minutes de silence, pleines”

“Voir des gens qui font plein des petits pas”

 

Interview avec Christine Koehler

Publié le 10 juin 2021
Interview et photo par Sophie Lavaur, membre fondateur du collectif Les Bulles de Dialogue

Christine Koehler est une des pionnières de l’intelligence collective en France. Elle est à l’origine des Bulles de Dialogue, initiative qu’elle a lancée au printemps 2020, convaincue de la valeur du dialogue pour conduire le changement. Elle nous parle ici de cette aventure, de sa foi dans les Bulles et de ses espérances.

Bonjour Christine, peux-tu nous raconter la genèse des Bulles de Dialogue ?

Lors du premier confinement au printemps dernier, je me suis retrouvée sans activité, toutes mes missions ont été gelées, il n’y avait plus rien. Je travaillais alors sur l’ingénierie d’un séminaire de management, nous étions à la veille du pilote. Il a été repoussé une fois, deux fois, puis finalement annulé.

Autour de moi, les gens étaient en colère, il y avait des profs, des médecins, c’était difficile pour eux ; je ne croisais que des ondes d’indignation. Je suis économiste à la base, j’ai tout de suite pensé à l’après, qu’on serait très mal quand la crise serait terminée. 

Alors, j’ai cherché quoi faire. Comment faire pour construire le monde de demain me préoccupait depuis longtemps. Toute la communauté des facilitateurs était dans la même situation que moi, les américains, les australiens, les agilistes. Ensemble, nous avons testé plein de choses. 

J’ai cherché et j’ai trouvé ce dispositif. En l’expérimentant avec des inconnus, j’ai été impressionnée par la qualité de la conversation, cela m’a nourrie, je me suis dit “C’est ça qui va aider”.

J’ai lancé les Bulles de Dialogue en avril 2020, avec Anna van der Aa que j’avais rencontrée dans un stage de facilitation graphique. Le côté tech, c’est son domaine, Zoom c’était nouveau, même si j’avais un compte. Nous avons fait une bulle, une deuxième, et puis d’une semaine sur l’autre, les gens revenaient, alors nous avons continué.

Tout de suite, j’ai décidé de mettre à disposition ce que j’avais reçu, en creative commons, c’était une technologie sociale à disposition de tous. Cela n’avait pas de sens de faire toute seule, l’individu n’a pas de sens dans une telle situation. 

Au début, Henri Lipmanowicz (co-créateur des Liberating Structures) participait, j’ai discuté avec lui, il me disait “Aide les à faire des bulles, c’est la seule recette pour les disséminer, c’est exponentiel”. Je n’ai pas encore tout à fait réussi.

Justement, les Bulles de Dialogue, c’est quoi au juste ?

C’est une façon simple et à la portée de tous d’être authentique. Une façon de mettre la parole de chacun au centre, à égalité. 

Avec les Bulles, chaque participant peut s’exprimer comme il le souhaite, il a la garantie d’être écouté, c’est très rare. C’est Carl Rogers qui disait « Écouter est, le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un ». 

Après quel grand rêve cours-tu ?

Un rêve où nous aurions réussi à créer un monde où chacun aurait sa place. Parce que certains prennent toute la place et n’hésitent pas à écrabouiller les autres. En général, c’est parce qu’à l’intérieur d’eux-mêmes, ils ont l’impression de ne pas être entendus. 

Remettre du dialogue au cœur de la Société, tu peux nous en dire plus ?

Il y a plein de manières d’aborder ce sujet. 

En France, nous sommes une société hiérarchisée, nous avons l’habitude d’être pris en main, de nous laisser guider, comme si quelqu’un pouvait savoir pour nous. Il y a des côtés bénéfiques, une facilité à déléguer ce qui ne va pas par exemple. Par contre, tout le monde n’est pas écouté de la même manière, je trouve cela injuste. Beaucoup de gens n’osent pas dire ce qu’ils pensent vraiment, c’est dommage. Moi pendant longtemps, je n’ai pas osé dire que j’étais écologiste, déjà qu’on me traitait de bisounours, je n’avais pas envie d’en rajouter une couche !

Le dialogue permet d’aller à un endroit plus profond qu’une simple discussion. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont complexes. Nous avons la capacité de connaître et de comprendre mais nous n’arrivons pas à faire des liens, il y a trop de choses. Nous ne pouvons alors que réfléchir à plusieurs, en entrant en dialogue. La complexité n’est pas linéaire, la multitude d’interactions crée des liens à un autre niveau. 

Nous ne pouvons plus dire qu’il faut faire comme ci ou comme cela, il faut traiter le problème en dialoguant avec toutes les parties prenantes de la Société, y compris celles qui ont l’habitude d’être silencieuses. Alors des solutions vont émerger, et elles vont nous paraître évidentes.

Je crois au dispositif des Bulles de Dialogue car il est simple et solide. Pour que le dialogue soit possible, il faut que chacun puisse être entendu. Pour cela, il y a un premier tour de parole puis un deuxième, plus profond, où chacun va oser aller un pas plus loin dans ce qu’il pense ou croit, sa pensée ayant évolué après avoir entendu celle des autres. Après on peut commencer à dialoguer, pour explorer ce qu’on n’a pas compris, clarifier, cheminer.

A la fin, il y a ce temps pour prendre du recul sur soi, sur ce qui s’est passé là, de manière à ancrer les choses et incarner ce qui vient de s’être dit. Si on ne fait pas le lien avec son monde intérieur, ce n’est pas transformatif.

Dans la foulée des Bulles de Dialogue, un collectif éponyme s’est créé. Où en-êtes vous aujourd’hui ?

Le collectif a fait ses premières réunions en été 2020, avec des personnes qui avaient participé aux premières bulles et qui ont eu envie de poursuivre l’aventure en étant plus moteurs. 

Nous avons appris à nous connaître, à nous organiser. Nous avons formalisé des premières offres pour les entreprises, les idées d’applications sont nombreuses, c’est intéressant. Tout cela, nous l’avons fait à distance !

Nous animons des bulles chaque semaine depuis un an, avec depuis janvier, des Bulles de Solidarité, un dispositif cousin que nous testons. On peut dire que nous avons acquis de l’expérience, nous nous améliorons en permanence, notamment sur la qualité des questions posées. 

A chaque fois, nous sommes émerveillés par ce qu’il se passe, par la qualité des discussions, par l’énergie avec laquelle les participants repartent. Cela renforce notre conviction que les Bulles ont un rôle à jouer dans la transmission vers un monde plus juste.

J’ai animé quelques bulles chez mes clients, cela a fait du bien aux participants à beaucoup d’égards. Convaincre nos interlocuteurs dans les entreprises de se lancer est un challenge, même s’ ils ont envie de tester les bulles, il y a des freins, des peurs, la plupart infondés.

Nous venons de conclure un premier partenariat avec La Maison du Management, nous espérons que cela aidera à faire connaître le dispositif et à le diffuser.

Tu es la référence en France pour le Forum Ouvert. Comment ce dispositif se positionne-t-il par rapport aux Bulles de Dialogue ?

Les deux font partie du même champ, confiance et auto-organisation en sont les points communs. Dans les deux cas, chaque participant vient avec tout son être et son envie de participer.

Le Forum est idéal pour un collectif qui ne sait pas comment s’y prendre pour avancer à un moment donné de leur existence, tout en ayant besoin d’aller vite. Les gens se réunissent, discutent et trouvent. Le Forum les aide à mieux identifier les tenants et les aboutissants des problématiques, à mieux comprendre la situation et ses possibles, il devient plus facile de lancer des choses, de tester. Chacun met son énergie dans les sujets qu’il a envie de porter.

Je vois les Bulles plus comme un ciment de la culture et de la communauté. Le dispositif permet de créer et de renforcer les liens. Cette reliance est fondamentale, elle consolide le collectif et facilite le passage à l’action. Savoir que les autres sont là, quand on est en plein changement, qu’on sait qu’il y aura des moments où on sera bousculé, cela a beaucoup de valeur.

Quelle a été ton expérience la plus marquante avec les Bulles de Dialogue ?

Très récemment, nous avons animé une bulle pour parler du rapport à l’argent, un sujet universel je crois, enfin il me parle à moi. Dans cette conversation, tout à coup, le mot providence a émergé. 

On parle beaucoup d’état providence, mais c’est juste un aspect restreint du terme. Providence, plus largement, cela exprime une grande confiance dans l’avenir, une acceptation que cela va se passer. Comme si il y avait un dieu providence, une main qui accompagne chacun sur le chemin de sa vie.

As-tu un rêve de bulle ?

Je rêve de faire des bulles en vrai, autrement qu’à distance, dans un parc, dans la nature, avec de petits groupes de personnes assises par terre. Cela me plairait vraiment. Encore un peu de patience, nous y travaillons.

Sinon, l’idée me vient là, tout de suite, je pense à une bulle avec nos députés. Ce n’est pas mon monde, je ne pense pas que je serai moteur dans cette initiative, mais cela ferait du bien à notre société.

Merci Christine, le mot de la fin est pour toi

Que dire ? Faire des bulles, c’est si simple, oui, faisons tous des bulles comme on respire !

Venez faire l’expérience des Bulles de Dialogue. Retrouvez le programme sur notre page LinkedIn Les Bulles de Dialogue.

Pour en savoir plus sur les activités et les publications de Christine Koehler : https://christine-koehler.fr

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